Amateurs d'alpinisme, bienvenus dans le monde de la grimpe. Série que j'ai découverte au salon made in asia à Bruxelles, Le sommet des dieux est une incroyable aventure humaine en plus d'une découverte du monde de l'alpinisme. Et cette série sonne la fin de mon troisième tour de table.

Fiche technique :

• Titre VO : Kamigami no itadaki
• Scénariste : Yumemakura Baku
• Editeur VO : Shueisha
• Magazine de prépublication : Business jump
• Nombre de volumes VO : 5 (série terminée)
• Années : 2000-2003
• Editeur VF : Kana
• Nombre de volumes VF : 5 (série terminée)

Synopsis :

8 juin 1924 : l'alpiniste Mallory et son coéquipier Irvine disparaissent sans que l'on sache s'ils ont pu atteindre le sommet de l'everest (fait historique). Juin 1993, le photographe Fukamachi Makoto se balade dans les rues de Katmandou. récemment, il a été le témoin de la mort de 2 grimpeurs à travers le téléobjectif de son appareil photo et cet événement le travaille énormément. Arrivé dans une boutique, il découvre un ancien appareil photo. Il pense que cet appareil est celui que Mallory et Irvine avaient pris avec eux presque 70 ans plus tôt. Et donc cet appareil est peut-être la preuve que Mallory a été le premier à atteindre le sommet de l'Everest. Au cours de son enquête pour savoir qui a découvert cet appareil, il fait la rencontre de Habu Joji, un grimpeur japonais un peu particulier. Qui est ce grimpeur et que fait-il à Katmandou. Et comment est-il entré en possession de cet appareil photo?

Mon avis :

Que dire sur cette incroyable aventure humaine où l'homme affronte la nature? A vrai dire, il me faut pas mal de temps avant de trouver les mots. L'enquête sur l'appareil photo est très rapidement oubliée pour laisser place à la vie de l'un de ses protagonistes principaux, c'est-à-dire Habu Joji. on découvre la dure vie des grimpeurs, leur isolement face aux falaises et sommets qu'ils tentent de franchir. On découvre leur courage et leur tristesse de perdre parfois des amis ou des connaissance, emportés par des avalanches ou par une chute fatale. Ce récit pourrait presque donner le vertige et je ressens ma peur du vide à travers les impressionnants dessins réalistes de Taniguchi. Pas de jolie histoire où tout finit bien, quoique, cela serait un bon sujet de discussion, mais la magie du bruit du vent dans les hauteurs et le dépassement de soi, quitte à y laisser sa vie. Si vous êtes amateurs d'alpinisme, je pense que ce récit ne pourra que vous ravir. Pour ceux qui aiment les aventures humaines, c'est un manga à ne pas manquer. Et enfin, pour ceux qui ont des préjugés sur les mangas, jetez-y un oeil parce que sinon, vous rateriez quelque chose.

Par la suite, je vais encore parler de 2 autres oeuvres de Taniguchi avant de développer certaines séries avec personnages et résumés des volumes. Je vous dis donc encore une fois à très bientôt.

Cronos

Voici une fiche pour chacun des tomes de la série. Ces fiches seront complétées au fur et à mesure. ATTENTION : ces résumés contiennent des spoilers (révélations de l'intrigue).

Volume 1

Chapitres : Le sommet invaincu; La ville de toutes les chimères; Le loup affamé; Oni-sura; Première ascension; Un farouche indépendant; Le vent des cimes; Ascension en solitaire.

Nouveaux personnages : Georges Mallory, Andrew Irvine, Noël Odell, Fukamachi Makoto, Funajima, Ioka, Mani Kumar, Saîto, Naradar Rasendra, Kotama, Bikhalu Sanh (Habu Jôji), Ang Tshering, Miyakawa, Itô Kôichirô, Inoue Makio, Kishi Buntarô, Hase Tsuneo, Tada Katsuhiko

Résumé : 8 juin 1924, Noël Odell, grimpeur et géologue, aperçoit, grâce à une éclaircie, ses collègues Mallory et Irvine qui tente de vaincre l'Everest pour la première fois. Ces 2 hommes ne reviendront jamais. Juin 1993, Katmandou, le photographe japonais Fukamachi errent dans les rues marchandes. Il a suivit une expédition de l'Everest qui a échouée et a vu la mort de 2 grimpeurs, dont Fukamachi a fait les clichés de la chute. Dans une échoppe il trouve un vieil appareil photo qui pourrait être celui de Mallory et Irvine. Il enquête donc sur son origine et fait rapidement la connaissance d'un autre japonais, grimpeur talentueux qui a disparu de la circulation. Habu Jôji, c'est son nom, est celui qui a trouvé l'appareil photo. Fukamachi enquête alors sur cet homme et apprend ses débuts difficiles dans un club d'alpinisme jusqu'à la découverte de son talent. Il marque ses compagnons aussi par son côté taciturne et sa passion incroyable pour l'alpinisme. Il ne vit d'ailleurs que pour ça. Il fait une grimpe avec un compagnon mais se garde toute la gloire de l'exploit. On apprend aussi qu'il a eu un apprenti qui a perdu la vie lors d'une escalade difficile et qu'on lui repproche cette mort. Par la suite, on fait la connaissance d'un autre grimpeur, Hase Tsuneo, à l'opposé d'Habu au niveau du caractère. Voyant ce nouveau rival, Habu a cherché à faire un exploit en faisant une première. Il partit donc pour l'Europe.

Mon avis : Mêler histoire et fiction. Voilà un challenge bien audacieux de la part de Taniguchi et de Baku. Il en sort un récit merveilleux où l'homme essaye de surpasser la nature. On a droit à beaucoup d'événements dans ce tome. La personnalité d'Habu, bien que taciturne et peu appréciée, suscite quand même la curiosité. Bien que je n'adhère pas à sa vision des choses, il y a un je ne sais quoi qui m'attire chez lui. Taniguchi arrive dans ce récit à bien faire ressentir le froid des hautes montagnes, la difficulté de certaines pentes et la solitude des alpinistes. Etant donné le récit que l'on a pour l'instant de la vie d'Habu, on se demande bien comment il est entré en possession du fameux appareil photo qui pourrait changer l'histoire de l'alpinisme à tout jamais. Les dessins sont superbes de précision et de réalisme, tout comme la personnalité des différents intervenants de ce récit. Même si j'ai le vertige et la peur du vide. Ce premier tome me prend déjà aux tripes. Un tome quasi indispensable.

Volume 2

Chapitres : Les grandes Jorasses; Le carnet de Habu Jôji; Le passé; Le mont imaginaire; Sagarmatha; K2; L'homme qui a rejoint la montagne; Les rois du rocher; Le tigre des neiges; Seul face à la montagne.

Nouveaux personnages : Mizuno Osamu, Kishi Ryôko, Segawa Kayoko, Kakura Noriaki, Waga Ryôichi, Ishiwatari Satoshi, Kawakita Masayoshi, Morita Satoru, Kitahama Shûkei, Iwahara Hisaya, Kitazawa.

Résumé : Fukamachi apprend qu'Habu avait emporté un carnet de notes quand il avait fait l'ascension des grandes Jorasses en Europe. Il va donc faire la connaissance de la soeur de Kishi Buntarô, Ryôko, qui lui cède volontier ce carnet et cherche à avoir des nouvelles d'Habu. Fukamachi apprend donc comment il a échoué et par quels stades il est passé avant d'être secouru par un hélicoptère. Fukamachi se rend compte aussi de comment il s'est éloigné de sa copine actuelle et comment il a perdu un ami, emporté par une avalanche. Dans la suite de son enquête, Fukamachi apprend comment Habu s'est attaqué à la face sud-ouest de l'Everest avec une équipe dont Hase faisait partie. Habu, refusant de faire la seconde tentative, et donc de ne pas faire une première, choisit d'abandonner l'expédition. C'est après cet événement qu'Habu a disparu de la circulation. Hase, lui, a été emporté peu après par une avalanche en tentant d'escalader le K2, événement relaté par un magazine. Finalement, Fukamachi et son ami miyakawa finissent par arriver à la conclusion qu'Hase et Habu essayaient tout les 2 de faire une première pour être reconnus et qu'ils se sont rencontrés à Katmandou pour faire part l'un à l'autre de leurs projets. Et pour Habu, il s'agit d'une ascension en solitaire et sans oxygène de l'Everest. Après avoir fait un peu plus connaissance d'Ang Tshering et sa relation avec Habu, Fukamachi décide de partir pour Katmandou afin de retrouver Habu...

Mon avis : Un tome tout simplement sublime. Le passage dans les Jorasses est très prenant. On vit avec Habu ses moments de solitude, on a foid avec lui. On peut presque sentir la mort arriver et nous frôler. C'est un passage d'une extrême intensité dramatique. Le reste paraîtra bien fade face à ce passage. Mais pourtant le reste de ce tome est lui aussi merveilleux. On y parle d'avalanches et de mort, élément que l'on ne peut éviter si on se trouve dans le milieu de l'alpinisme de telles falaises. Le personnage de Hase étant inspiré d'un grimpeur ayant réellement existé, la dimension en est que plus grande. Le caractère d'Habu, entre taciturne, grimpeur solitaire et homme au grand coeur et de grande volonté, est un autre plus de ce récit. Il est tellement plus humain avec ses qualités, mais aussi ses défauts. Cette oeuvre est tellement réaliste que l'on sent presque le vent glacial des hautes montagnes. Mais pourtant, on ressent inexplicablement une sorte de magie qui nous emporte tout le long de ce tome. Des personnages ordinaire pour une histoire ordinaire mais pourtant tout semble extraordinaire...

Volume 3

Chapitres : L'énigme de la première ascension de l'Everest; La ville de Bikhalu Sanh; Dasain; La turquoise; Le démon des monts; Le Gurkha; Souvenirs; Le village sherpa; Le pendentif maternel.

Nouveaux personnages : Norton, Somervell, Harris, Wager, Edmund Hillary, Tenzing Norgay, Mohan Magar, Daewa, Tamang Mughal, Doma, Nima, Daewa Zanbu.

Résumé : Au début de ce volume, Fukamachi se rapelle l'expédition d'Irvine et Mallory qui visait à tenter de vaincre l'Everest pour la première fois de l'histoire. Il se remémore aussi comment les expéditions suivantes ont découvert certains des objets des 2 grimpeurs, sans retrouver leurs corps. Ensuite, Fukamachi part pour Katmandou et cherche à retrouver Habu Jôji. Il retrouve Naradar Rasendra qui a peut-être des infos sur Jôji et Tshering. Ryôko, l'ancienne copine d'Habu, rejoint Fukamachi et cherche avec lui via une boutique où Fukamachi a aperçu Tshering. Ryôko se rappele du nom d'un village d'où provenait une lettre d'Habu et ils se déplacent. Mais la jeune femme est enlevé par des locaux avides d'argent. Habu rejoint Fukamachi pour la retrouver et ensembles, il vont trouver Rasendra. Ce dernier est un ancien Gurkha, un soldat népalais et il parvient à retrouver Ryôko assez rapidement. Après avoir secouru la jeune femme, Habu et Ang disparaissent. Fukamachi les retrouve et ils découvrent que Habu a une femme, la fille d'Ang, et des enfants. Plus tard, Fukamachise met à faire des trekkings pour s'acclimater aux hauteurs. Il continue aussi à glâner des informations sur Habu et son projet d'ascension de l'Everest en solitaire, sans oxygène et par la face sud-ouest. Il finit par se faire inviter par la femme d'Habu dans la maison qu'il occupe...

Mon avis : Dans ce tome, on retourne à l'actualité après avoir  en revue la vie d'Habu Jôji. Mais avant cela, il y a une partie très intéressante. On y raconte des faits historiques, un peu brodés certes, mais qui nous content la première tentative d'ascension de l'Everest, le mont le plus haut au monde, ainsi que son échec cuisant. Historiquement, c'est quasiment indispensable pour qui s'intéresse à l'alpinisme et aux hautes montagnes. La suite est moins intéressante mais nous brosse néanmoins le portrait psychologique des personnages principaux. Des vies normales, précaires, des gens qui s'aiment, se séparent, cherchent à atteindre leur but ou même cherchent un but en lui-même sans savoir par où commencer. On a presque l'impression que finalement, c'est la montagne qui donne cette dimension magique au récit. Un volume légèrement en dessous des précédents car peu centrer sur l'escalade même, mais aux dessins presque irréprochables et aux personnages toujours aussi humains.

Cronos

Voici la suite des résumés des tomes de la série. Ces fiches seront complétées au fur et à mesure. ATTENTION : ces résumés contiennent des spoilers (révélations de l'intrigue).

Volume 4

Chapitres : Le camp de base; Le loup des montagnes; Le plan d'attaque; Départ pour le glacier; La cascade de glace; Le Warship Rock; Paroi de glace; La tour grise; Révélation.

Résumé : Chez Habu, sa femme et Fukamachi doivent faire face à la prise d'otage du fils du couple par Mohan qui s'est échappé. Mais Naradar intervient et l'enfant est sauvé. Fukamachi décide de partir pour le camp de base et d'y attendre Habu, profitant aussi de l'occasion pour s'acclimater. Lorsque le grimpeur arrive, ce dernier a le temps d'expliquer au photographe les conditions dans lesquelles il a trouvé le corps de Mallory ainsi que l'appareil photo. Les 2 hommes se demandent un peu pourquoi ils sont là et pourquoi ils font ce qu'ils font. Mais Habu donne l'appareil photo à Fukamachi et accepte que celui-ci le suive et prenne des photos de son ascension, du moment qu'il ne le dérange pas. Après quelques temps, le temps est idéal pour amorcer l'ascension. Après une vérification stricte du matériel, les 2 hommes partent séparément. Durant la première journée, l'écart se creuse entre eux mais ils finissent par installer leur tente à quelques mètres l'un de l'autre à la tombée de la nuit. Durant la seconde journée, un rocher dévale une pente et frappe Fukamachi à la tête. Il s'évanoui et est sauvé par Habu qui est redescendu pour lui. Après l'avoir secouru, ils dorment sous la même tente. Fukamachi est en proie à des illusions dûes au manque d'oxygène et, demandant à Habu ce qu'il compte faire maintenant, il déduit à voix haute que l'alpiniste va prendre l'itinéraire normal, ce qui choque Habu...

Mon avis : Avec ce tome, on retourne dans la montagne, pour mon plus grand plaisir. L'homme face à la montagne et rien d'autre, ou presque. Les explications sur la découverte du corps de Mallory sont bien entendu fantaisistes. Mais finalement, elles ainsi que toute cette histoire sur l'appareil photo ne sont que des prétextes pour montrer la personnalité d'Habu et son "combat" contre la montagne. Durant la seconde moitié du tome, il n'y a que les 2 grimpeurs et l'Everest. Le monde pourrait être bouleversé, il n'en saurait rien et n'en aurait cure. Ce sentiment d'isolement est incroyable. Les claustrophobes et ceux qui ont peur de la solitude ne pourrait tenir 5 minutes dans cet environnement hostile. L'auteur connait son sujet et il nous fait bien sentir les craintes des alpinistes. Un tome qui revient au sommet de son art pour atteindre le sommet des dieux : l'Everest.

Volume 5

Chapitres : Vers le sommet (1^re partie); Vers le sommet (2^e partie); La cime rêvée; Tokyo; La légende du loup solitaire; Au pied de la montagne; L'arête nord-est; Le siège des dieux; Vivre; Un alpiniste de légende; Le sommet invaincu.

Nouveaux personnages : Kudô Eiji, Ruth, Clare.

Résumé : Après leur nuit passée à 2, Habu et Fukamachi se sépare. Habu continue sa montée tandis que Fukamachi entame sa descente. Il passe sous les 7000 mètres d'altitude et y passe quelques nuits. Ensuite, comme le ciel est dégagé, il décide d'essayer de prendre des photos au loin d'Habu. Il finit par le trouver sur la bande jaune, paroi très difficile. Il a donc choisit la partie la plus difficile. Les cris de Fukamachi n'y change rien mais il continue néanmoins de le photographier. Après avoir foulé le sommet Habu disparaît et Fukamachi rentre au Japon. Il publie un article sur la tentative d'Habu mais éprouve un manque. Il décide de retourner en Himalaya avec Ryokô malgré l'interdiction d'y aller et fait une tentative d'escalade de l'Everest. Empruntant une voie plus facile mais seul, il réussit et entame sa descente. Sur le retour, il tombe sur les cadavres d'Habu et de Mallory, côte à côte. Il découvre la pellicule de Mallory qui prouve à son retour que le grimpeur a bien été le premier à fouler le sommet de l'Everest. Ainsi se termine le récit.

Mon avis : Et on continue dans la partie grimpe du récit. Le sujet de ce tome, un peu comme dans les mangas de style shonen, est le dépassement de soi et de ses limites. Pour moi qui n'ai jamais été un fan d'escalade, je dois dire que ce récit me prend aux tripes, peut-être parce qu'il est fort proche de la réalité, sans toujours magnifier ses personnages et sans les présenter comme des surhommes. J'ai du mal à imaginer ce que représente le manque d'oxygène et les illusions qui en découlent. Mais quand Fukamachi foule le sommet de l'Everest, je ne peux qu'imaginer qu'on se sent l'espace d'un instant le maître du monde. Une belle leçon de courage et d'humilité que ce récit, mais aussi plein d'humanité. Décidément, cette série est vraiment un must, indispensable dans ma collection.

Cronos